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Le mythe du déficit

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Le mythe du déficit par Stephanie Kelton, traduit par Paul Chemla, aux éditions Les liens qui libèrent.

Stephanie Kelton est professeur d’économie, elle enseigne à l’université de Stony Brook, et a été économiste en chef auprès du groupe démocrate au Sénat américain.C’est une adepte de la théorie moderne de la monnaie (TMM), courant de pensée hétérodoxe, qui explique, en très gros, que l’état qui est émetteur de sa propre monnaie (comme l’est l’état fédéral américain) doit être endetté, et ne doit surtout pas se gérer comme une entreprise ou un ménage. Cette théorie explique aussi que les choix économiques (taux de chomage, inflation, remboursement des frais médicaux et couverture sociale, …) sont en fait des choix politiques et que ces états (et leurs gouvernements) font le choix de laisser toute une partie de la population sur le bord de la route.

L’autrice explique, dans un vocabulaire compréhensible, ce que la fin de la convertabilité du dollar en or (fin promulguée par Nixon au début des années 70) a changé pour le dollar, et pour toutes les autres monnaies. Il n’y a plus de limite au nombre de dollars en circulation, et la création de nouveaux dollars n’est qu’une écriture comptable, une ligne sur un fichier informatique dans l’ordinateur de la Réserve fédérale de New-York.

Partant de là, la dette publique américaine n’existe pas, puisqu’il est possible de la rembourser “magiquement”. Pire, il faut qu’il y ait une dette publique pour que le reste du monde (c’est à dire les entreprises, les ménages, etc., américains ou non) puisse commercer en dollars. Puisque c’est l’État qui créé la monnaie, il doit la dépenser pour linjecter dans le circuit économique. Mais personne n’a intérêt à utiliser une monnaie plutôt qu’une autre. Sauf si l’État demande à être payé dans cette monnaie. C’est le but des impôts et de la dette. Ce ne sont pas des entrées destinées à payer les dépenses, mais l’inverse. Ce sont les dépenses de l’État qui vont créer les impôts et la dette, pour que les entreprises et les particuliers utilisent la monnaie de l’État (Je vous rassure, elle est beaucoup plus claire que moi).

Elle explique aussi la vision économique de la TMM, au travers de l’inflation, de la dette extérieure et pourquoi elle est bénéfique, des systèmes de solidarité (sécurité sociale et retraite) et de pourquoi et comment on pourrait (et devrait) ignorer ces déficits.

Elle finit sur les déficits qui comptent : l’infrastructure, l’éducation, les inégalités, le changement climatique, et esquisse des solutions : garantie de l’emploi, investissement public fort, etc. Ce qui est actuellement sabré par les conservateurs au niveau fédéral dans le plan de relance de Biden…

Un livre riche en informations, qui donne presque envie de sortir de l’euro mais pointe surtout la nécessité d’un pouvoir politique fort et centralisé dans la zone euro, un pouvoir politique qui pourrait impulser une relance efficace, en imposant un agenda politique à la BCE. Nous en sommes malheureusement assez loin…