La guerre et la paix, tome 1, de Léon Tolstoï, traduction de Boris de Schoelzer, dans la collection Folio classique.
L’histoire russe, à la rencontre de l’histoire européenne. L’amour et les déconvenues au temps napoléoniens, à l’est de l’Europe, dans une société qu’on appelle bonne. Une aristocratie francophile par nature, qui ne sait pas forcément parler russe, mais qui refuse d’aimer Napoléon (sauf quand le tsar le dit). Tolstoï dépeint, avec un peu de mauvaise foi, mais aussi sans trop de complaisance, la société russe du début du 19ème siècle, au travers d’une galerie très vaste de personnages. Militaires, pacifistes, joueurs, jeunes filles évanescentes ou bien sûres d’elles, tout le monde est bien là, dans ce premier tome qui se déroule de 805 à 1811, et où nous suivons plus particulièrement Pierre, riche héritier du comte Bézoukhov, Natacha, plus jeune fille du comte et la comtesse Rostov et André, le prince Bolkonsky, leurs rencontres et déboires amoureux, leurs expériences militaires (par le prince André, à Austerlitz), et la franc-maçonnerie.
J’ai eu envie de relire La guerre et la paix suite à l’opéra, vu à Genève fin septembre. Si la taille du pavé (720 pages pour ce premier tome) m’a un peu refroidi, j’ai retrouvé avec bonheur les personnages de Tolstoï, et se decriptions précises, ainsi que ses explications militaires. La vision de la bataille d’Austerlitz, au travers des points de vue du prince André ou de Nicolas Rostov, les histoires qu’ils en tirent, tout cela raconte une autre bataille, en parallèle de la bataille historique. Une bataille qui n’en est pas moins vraie, même si elle n’est pas réelle. C’est une partie du génie, et c’est un des intérêts de ce livre.