Le national-capitalisme autoritaire : une menace pour la démocratie, de Pierre-Yves Hénin et Ahmet Insel, aux éditions Bleu autour.
On a longtemps essayé de nous faire croire que le capitalisme équivalait à la démocratie, alors que plusieurs exemples nous démontraient l’inverse. Les auteurs partent d’un constat (que je ne partage pas totalement) qui est que le capitalisme libéral est le plus compatible avec la démocratie, et que ce système semblait avoir gagné la bataille idéologique du 20e siècle avec la chute du communisme et la fameuse “fin de l’histoire” théorisée par Francis Fukuyama. Ils s’attachent ensuite à démontrer que ce capitalisme libéral est mis en concurrence forte par un autre type de capitalisme, qui n’est pas capitalisme d’Etat, mais qu’ils appellent national-capitalisme autoritaire ou NaCA.
Ce NaCA est un mix d’économie de marché et de pouvoir autoritaire, sur le modèle singapourien, recopié avec succès par la Chine de Xi Jinping, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan ou la Hongrie de Victor Orban. Centralisation des capitaux entre les mains d’une élite plus ou moins liée au pouvoir en place, roman-national expliquant les différences avec l’Occident et les nécessaires règles autoritaires ou dictatoriales, “démocratie illibérale” à parti unique ou presque.
Les auteurs mettent également en garde contre la tentation qui guette certaines démocraties libérales de changer de système, comme on a pu le voir avec l’épisode Trump aux Etats-Unis ou l’élection de Bolsonaro au Brésil. Une conclusion sous forme de “ça pourrait arriver ici aussi”, qui devrait nous alerter.