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Ce post fait suite à une discussion sur Twitter.

La littérature, et en particulier la littérature de l’imaginaire, donne parfois (souvent) l’impression d’être un club anglais réservé aux porteurs de gonades externes. Et certains le font sentir, dans leur écriture ou leur comportement. C’est pourquoi j’ai eu envie de faire une liste de livres écrits par des femmes, que j’ai appréciés, et que je conseille aux autres. Je n’ai pas la prétention de me présenter comme spécialiste, mais en tant qu’amateur de science-fiction en particulier, et de tout ce qui se lit en général.

Il y a bien entendu les poids lourds de l’industrie, celles qui sont mises en avant lorsqu’on parle du sexisme du milieu, comme contre exemple. Robin Hobb, Ursula K. Le Guin, J.K. Rowling, Anne Rice, Anne McCaffrey, Marion Zimmer Bradley… Ces autrices sont connues et ont eu du succès, mais rien de comparable à ce qu’on pu connaitre les poids lourds masculins.

J’ai lu certaines de ces autrices, et j’ai pu apprécier certains de leurs livres, mais je ne vais pas vous parler d’elles, mais d’autrices qui sont (peut-être) moins connues, au travers de livres que j’ai aimé.

La servante écarlate, de Margaret Atwood

Alors, oui, j’ai dit que j’allais parler d’autrices moins connues, et je commence par une superstar. Mais je fais ce que je veux.

Bien avant d’être adaptée en série télévisée, La servante écarlate (The Handmaid’s Tale en VO) était déjà un classique. Dystopie réaliste et glaçante, le livre nous plonge dans un monde pas si lointain et tellement dérangeant. Les femmes sont asservies, et la religion domine le monde que nous décrit l’héroïne.

Speculative fiction, comme le présente l’autrice. Cauchemar pas si impossible, se dit le lecteur en fermant le livre.

Le Pouvoir, de Naomi Alderman

Et si toutes les femmes avaient le pouvoir de produire des décharges électriques ? Livre dans le livre, Le Pouvoir est un manuscrit présenté par un homme à une autrice pour relecture, dans un monde dominé par les femmes. Il raconte ce changement, ce point de rupture de notre société patriarcale vers une société matriarcale.

Livre féministe, Le Pouvoir est aussi un avertissement sur le pouvoir, et la corruption qu’il apporte.

Station Eleven, de Emily St. John Mandel

Dans un monde dévasté par un virus, la société s’est reconstruite autour de communautés éloignées les unes des autres, souvent sous la coupe de prédicateurs ou de petits tyrans. La Symphonie est une caravane de musiciens et d’acteurs, qui va de village en village jouer Shakespeare, dans la région des Grands Lacs.

Le monde est un village, et tous les personnages de Emily St. John Mandel se tournent autour, sur la place principale, leurs fils de vie s’entremêlant pour construire une fable post-historique. Les personnages ne sont pas bons ou mauvais, ils sont, et ils survivent, dans ce monde où les repères ont tous disparus. Et le lecteur de se demander ce que lui ferait.

Dans la forêt, de Jean Helgland

La société s’effondre, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Il n’y a plus d’électricité, plus d’essence. Nell et Eva, 16 et 17 ans, vivent dans la forêt du nord de la Californie, où le voisin le plus proche est à plus de 10 kilomètres. Nell raconte sa vie, la disparition du père, les craintes, les espoirs. L’espoir, surtout.

Quand tout s’effondre autour de vous, à quoi se raccrocher ? Comment gérer l’absence ? Comment survivre, sans le confort que l’on tient pour acquis ? Comment vivre avec les autres, ou sans eux ? Ce sont ces questions que Nell et Eva vont rencontrer, et devoir affronter.

Mémoires de Lady Trent, de Marie Brennan

Et si les dragons existaient ? Dans un 19ème siècle parallèle, nous suivons Lady Trent, qui nous raconte sa vie de naturaliste spécialiste des dragons et ses aventures à l’étranger, dans un monde victorien où la place de la femme n’est pas en expédition, mais avec ses enfants, à attendre son mari.

Série de cinq romans “historiques”, Les mémoires de Lady Trent marient la féerie (dragons !) et la critique sociale. En brossant une fresque féministe, anticolonialiste, écologique, Marie Brennan embarque son lecteur dans un voyage bien écrit.

La Plaie, et sa suite Le Dieu Foudroyé, de Nathalie Henneberg

Nous sommes en l’an 3000 et la Ténèbre s’est emparée de la Terre, encore une fois. Les Nocturnes, ses agents, font règner la terreur, et étendent son pouvoir vers les Astres libres. Un groupe hétéroclite va chercher à libérer l’univers de la menace. Mais pour cela, il faut rejoindre Sigma d’Arcturus…

Ecrit en 1964, La Plaie n’est pas un space opera, c’est LE space opera. Flamboyant, Il peut paraître manichéen d’un premier abord, mais il est chargé de considérations sociales et philosophiques, qui nous renvoient au monde contemporain, et rappellent que la Divine Comédie reste d’actualité, 700 ans après.

Plaguers, de Jeanne-A Debats

Ayant déjà chroniqué ce roman, je vous renvoie à l’article ici-même.

Le clairvoyage, de Anne Fakhouri

A la mort de ses parents, Clara se retrouve confiée à son oncle, qu’elle ne connait pas, et autour duquel gravitent d’étranges personnages. Ou est-ce autour d’elle ?

Destiné à un jeune public, Le clairvoyage pioche dans le Alice de Lewis Carroll, et Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare_._ Féerie, parcours initiatique, changements subits, Anne Fakhouri nous emmène dans l’adolescence, et elle le fait bien.

Coldfire trilogy, de Celia S. Friedman

12 siècles après l’Arrivée, l’humanité s’est adaptée à la vie sur Erna, et à la présence du fae, cette force naturelle qui rend possible la magie, mais qui donne aussi vie aux ombres mortelles de la nuit et empêche l’existence de toute technologie. Damien Vryce est un prêtre guerrier, et il va tout abandonner pour aider Ciani, une adepte. Leur quête les emmènera là où les hommes ne sont pas les bienvenus…

Magie, épées, aventure. De la fantasy, mais dans un univers de science-fiction, où l’humanité voyage entre les étoiles, et où la magie est fille d’une force naturelle, produite par la planète. Un peu manichéen, avec une bonne dose de rédemption chrétienne, la série reste plaisante, avec un style assez léger, et sans longues descriptions inutiles, qui semblent être le passage nécessaire de tout auteur de fantasy. The Coldfire trilogy se lit en anglais (seul le premier tome, L’Aube du soleil noir est traduit en français).

Rosa candida, de Audur Ava Ólafsdóttir

Rosa candida n’est pas de la science-fiction ou de la fantasy, mais c’est un roman qui m’a marqué.

Arnljótur quitte son Islande natale pour rejoindre un monastère autrichien, dont il doit reprendre en main la roseraie. Il laisse derrière lui son père, son frère autiste, et sa fille, née d’une nuit sans lendemain avec une camarade. Dans ce pays qu’il ne connait pas, il va se découvrir.

Récit initiatique, découverte de soi, et des autres. Un classique, mais avec une démarche différente, et des personnages attachants (le moine cinéphile !).

En conclusion

J’ai bien conscience de n’avoir qu’effleuré le sujet, et qu’il y a beaucoup d’autrices qui manquent dans cette liste, que j’ai oublié une telle… J’aurais également pu parler du fait que certaines autrices prennent un pseudonyme masculin ou épicène, ou qu’elles ne sont publiées qu’avec les initiales de leurs prénoms.

C’est une liste personnelle, une envie de coup de projecteur sur des livres que j’ai aimé, et qui ont été écrit par des femmes. Parce qu’il est parfois (souvent) important de promouvoir des femmes dans des milieux d’hommes, et encore plus quand la qualité suit.

Et vous, quels sont les livres et les autrices que vous (me) conseilleriez ?