Beverly, de Nick Drnaso, aux éditions Presque Lune
Au travers de 6 récits plus ou moins imbriqués, l’auteur nous emmène dans une banlieue paisible, et nous montre les fêlures sous l’image lisse, les histoires un peu glauques qu’on cache derrière. Pas de happy end, pas de morale non plus, juste les faits, bruts.
Le trait est proche de celui de Chris Ware, qui signe d’ailleurs la 4ème. C’est cette ligne claire américaine, avec des traits droits tracés à la règle, qui contrastent avec la rondeur des personnages, et des couleurs pastels en aplat. Elle est ici maîtrisée, et amène un côté dérangeant, presque clinique, en décalage avec la violence psychologique des récits. La maîtrise est aussi narrative. Les détails sont distillés au bon moment, et l’ensemble est cohérent, même si le défi était de taille. Il en reste une impression de malaise, sans que l’ensemble soit malsain. Ce n’est pas une bande-dessinée que l’on oublie une fois fermée, c’est le genre de récit qu’on va plutôt relire, pour en retrouver l’essence, et y découvrir de nouvelles choses, malgré un dessin simple et des dialogues assez laconiques.
D’un point de vue format, le dessin est également servi par le livre. La couverture est magnifique, en contraste papier glacé tissu, et l’ensemble est de bonne facture. Un beau cadeau, mais à ne pas offrir à n’importe qui. Public averti, de préférence.